Le guide de la pole dance
Le guide de la pole dance: introduction
Voilà plus de 15 ans que nous sommes passionnés de pole dance. C’est une discipline magnifique et unique, qui allie sport et art, force et souplesse. Elle soulève aussi beaucoup d’interrogations et de préjugés qui peuvent se révéler être autant de barrières pour un certain nombre de futurs pratiquants. Nous avons souhaité, par le biais de ce guide:
- vous faire découvrir plus en détail cette discipline, son histoire,
- aborder le sujet des préjugés et des complexes,
- vous expliquer le déroulement d’un cours,
- les prérequis pour pratiquer la pole dance,
- les bienfaits que la pratique de la pole dance vous apportera,
- et enfin, partager avec vous 3 témoignages d’élèves
Nous espérons que vous passerez un bon moment et que vous trouverez dans ce guide les réponses à vos questions.
Bonne lecture !
Chapitre 1: L’histoire de la Pole Dance, les origines
L’origine exacte de la pole dance est sujette à débat, et dépend de l’interprétation des frontières de la discipline. Peut-on arguer que tout exercice relatif à l’utilisation d’une barre verticale pour réaliser diverses figures s’apparente à une forme primitive de pole dance, ou parle-t-on exactement de la discipline telle que nous la connaissons aujourd’hui ?
Si l’on s’en tient à l’idée d’une origine plus large, il est possible de retracer son origine au XIIème siècle en Inde, avec l’utilisation d’une barre verticale fixe pour des exercices gymnastiques. Mélangeant des postures de yoga réalisées dans les airs, et des postures de lutte utilisant ladite barre verticale, le Mallakhamb semble être l’ancêtre de la pole dance moderne.
Le Mallakhamb
Véritable institution en Inde, le Mallakhamb a été désigné sport d’État dans plus de 20 provinces indiennes. À mi-chemin entre un art et un sport, le nom Mallakhamb provient de l’hindou « malla » signifiant « lutteur », et de « khamb » signifiant « pôle ». Il s’agit donc d’une discipline axée autour d’un pôle de lutte. Elle serait apparue dans la province indienne de Maharashtra. En observant les athlètes, certains vont effectuer des postures de yoga, suspendus dans les airs à des cordes, d’autres attaquent silencieusement cette large barre verticale en bois, à l’écoute des instructions de leur enseignant, distillant un mélange de sanskrit et d’hindou.
L’une des différences fondamentales de la discipline avec la pole dance telle que nous la connaissons aujourd’hui, est qu’il est traditionnellement pratiqué exclusivement par des hommes, le pôle servant de représentation phallique de la divinité Hanuman. Sans danse ni transition, la discipline se rapproche davantage d’un exercice complémentaire à un art martial que d’un spectacle de pole dance tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Il demeure que le Mallakhamb représente la première utilisation documentée d’une barre verticale comme outil central pour une discipline sportive, bien que le pôle en bois utilisé soit significativement plus large qu’une barre de pole dance.
Le mât chinois
Le mât chinois est un outil servant aux acrobaties, ou agrès, utilisé dans les cirques. La discipline trouve ses origines à la même époque que le Mallakhamb, au XIIème siècle, en Chine, bien qu’il soit difficile de retracer avec exactitude son apparition. Originellement pratiqué dans la rue, comme un divertissement populaire, les arts du cirque ont progressivement trouvé leur place dans un spectacle structuré, et ont par ailleurs participé au rayonnement international de la Chine. La gymnastique du mât chinois a été mise en avant par le gouvernement chinois durant le XXème siècle notamment, comme outil de mise en avant des arts de la culture prolétaire.
Le mât chinois est composé d’un ou plusieurs poteaux en métal de 3 à 9 mètres de hauteur, fixés au sol. Généralement recouvert de néoprène, il est plus épais qu’une barre de pole dance, et plus adhérent. Ainsi, les gymnastes pratiquent le mât chinois habillés en costumes de scène, afin d’éviter les brûlures dues aux frictions épidermiques, à l’inverse des pratiquants de la pole dance, dont le contact de la peau nue est essentiel afin d’adhérer au métal.
À l’instar du Mallakhamb, la discipline est traditionnellement pratiquée par des hommes, bien que cela évolue dans le monde du cirque moderne. Il s’agit aujourd’hui d’une discipline circassienne très commune, comme les anneaux ou les rubans. En France, le mât chinois se popularise durant les années 1970, porté par le nouveau cirque, mettant à l’honneur des numéros d’acrobatie de plus en plus complexes.
Les cirques itinérants et le spectacle burlesque
Bon nombre d’historiens s’accordent sur le fait que la pole dance moderne trouve son origine dans les spectacles de cirques itinérants, pratiqués par les forains, dans le Nord de l’Amérique et notamment au Canada. Se déplaçant régulièrement, les femmes de ces cirques pratiquaient diverses danses, d’inspiration universelle telle que la danse du ventre moyen-orientale ou un dérivé du mât chinois. Souvent, ces danseuses étaient des Ghawazi. Apparentées aux roms, ces femmes étaient des danseuses itinérantes, originaires d’Égypte, dansant sur des mélodies orientales, le corps orné de henné et de tenues légères composées de plusieurs couches de voilage. Elles dansaient originellement dans les harems, avant de partir sur les routes, permettant la popularisation des danses orientales en Europe et en Amérique.
Les spectacles ainsi pratiqués ont évolué dans les années 1920 vers des outils de publicité pour les cirques itinérants, incitant par des danses sensuelles autour d’une barre verticale à acheter une place pour le spectacle de cirque traditionnel. On parle alors de « Hoochie Coochie Dancers ». C’est également à cette époque que les premiers récits montrant l’apparition de la “Pole Dance”, littéralement Danse avec la barre, font leur apparition.
Ces spectacles de danse issus des cirques itinérants se sont vus associer aux spectacles burlesques, avec des artistes comme Gypsy Rose Lee ou Sally Rand, qui ont connus une évolution similaire : à l’origine, à la fin des années 1860, le spectacle burlesque est un mélange de comédie et de music-hall, avant de prendre une tournure plus sexuelle avec l’arrivée de l’humour grivois et de la nudité des performeuses. L’activité de danse sensuelle ainsi créée s’est sédentarisée, passant de la tente au club ou bar.
Les clubs de strip tease
L’apparition des clubs d’effeuillage survient plus tôt en Europe, et spécialement en France avec le succès du Moulin Rouge et des Folies Bergères dès la fin des années 1890. Présentant des tableaux vivants de femmes d’une grande beauté, vêtues de costumes de scène légers, ils évoluent vers des une discipline plus axée sur la danse, avec l’introduction du French Cancan. La nudité partielle apparait dans les spectacles dans les années 1930, avec des artistes comme Josephine Baker, puis la nudité totale s’affiche sur scène dans un spectacle du Crazy Horse dans les années 1960. En Amérique, et spécialement aux États-Unis, les spectacles d’effeuillage subissent des périodes de prohibition, après l’installation du spectacle burlesque des frères Minsky sur la 42ème rue de New York. Dans ces clubs, les danseuses se dénudent et dansent autour d’une barre : la barre de pole dance.
Ainsi, la discipline de la pole dance s’associe avec la notion de strip tease, et ainsi gagne une réputation érotique. La barre est utilisée par la plupart des stripteaseuses comme un simple support, tandis que certaines danseuses, plus athlétiques, l’intègrent dans leur routine de danse avec des mouvements acrobatiques inspirés de la gymnastique.
L’avènement de la discipline pole fitness
Dérivant de ces routines intégrant des mouvements de gymnastique, la pole dance trouve un intérêt dans le public mainstream sous la forme de pole fitness. Il s’agit de réaliser un nombre de poses et postures plus ou moins acrobatiques, sous la supervision d’un professeur de pole fitness.
Des compétitions de pole dance ont vu le jour aux États-Unis dans les clubs de striptease Deja Vu, sous la forme de « jeux olympiques » nommés Po'Lympics en 1991. La discipline évolue ensuite vers des compétitions et championnats internationaux, avec des figures de plus en plus athlétiques.
En 2003, l’International Pole Sports Federation (IPSF) portée par la coach de pole dance Katie Coates se lance dans une campagne ayant pour but de faire reconnaître la pole dance comme discipline sportive olympique. En 2017, la pole dance obtient le statut de candidat officiel aux Jeux Olympiques, avec son homologation par l'Association globale des Fédérations sportives internationales (GAISF), lui abrogeant ainsi le titre de membre provisoire du GAISF, au même titre que le bras de fer ou le kettlebell. Ainsi, la discipline est officiellement candidate à l’intégration des Jeux Olympiques de Paris 2024.
En France, en 2016, la discipline est reconnue par le Ministère de la Jeunesse et des Sports comme mêlant art et sport.
